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Démarche artistique, 2022

Gladys Bourdon n’impose pas de vision mais souhaite offrir un dispositif généralisable afin de se déconditionner.
Via une grande diversité de facettes, elle propose le regard d’un monde qui s’ouvre vers les choses hors de la norme, hors des formes référentielles.

L’utilisation régulière d’un format circulaire définit un cadre de l’observation comme on peut le faire par l’œil, la lunette astronomique ou le microscope. L’échelle a-t-elle son importance si l’on ne peut définir les limites et la nature même de l’Univers ?
Le cercle permet dans un premier temps de décontextualiser l’image que l’on aura sélectionnée et recadrée : ce qui semble être une planète était en réalité la surface d’une marbrure sur un mur en extérieur. Il est un cadrage qui invite à prendre le temps de se focaliser sur un élément en particulier et d’en oublier son origine.
Lorsqu’elle utilise le point dans le cercle, c’est pour elle une mise en abîme, une invitation à faire face à ce que nous sommes vraiment dans cet Univers.

À travers diverses techniques, il est nécessaire pour Gladys Bourdon d’expérimenter le dessin afin de tendre davantage vers l’intangible : en utilisant la pierre noire, en multipliant et superposant différents motifs (la ligne, le point), en retravaillant des images numériquement, etc.
Elle cherche à varier les procédés de création dans l’objectif d’appréhender l’objet ou l’image observée sous de nouveaux angles, et ainsi révéler d’autres perspectives sous-jacentes.

La vidéo et l’imagerie de synthèse lui permettent une autre approche du réel qu’elle ne peut exploiter par le biais du dessin. Il lui est possible par exemple de traiter l’image numérique directement afin de tirer profit de ses données au pixel près. Ou encore, elle peut créer des mondes virtuels avec les conditions nécessaires afin de pouvoir développer une idée, un concept, de le mettre en mouvement ; et donc de changer de point de vue.

Ces projections ne s’imposent pas matériellement, laissant ainsi de la flexibilité à la vision de chacun, et permettant de s’approprier un processus de création plutôt qu’une œuvre physique. Ces dernières étant bien ancrées dans le réel, perdent d’une certaine manière une partie de leur puissance et de leur potentiel.
Tandis que le virtuel, même si il est bien réel, il a le pouvoir de changer, de se mouvoir facilement.
Par le biais de ces réflexions, Gladys Bourdon tend de plus en plus à développer sa pratique du dessin numérique.

Artistic process, 2022

Gladys Bourdon does not impose a vision, but wishes to offer a generalisable device for deconditioning.
Through a great diversity of facets, she proposes the look of a world that opens up to things outside the norm, outside referential forms.

The regular use of a circular format defines a framework for observation, as can be done with the eye, the telescope or the microscope. Does scale matter if we cannot define the limits and the very nature of the universe?
The circle first allows us to decontextualise the image that has been selected and reframed: what appears to be a planet was in fact the surface of a marbled on an outdoor wall. It is a framing that invites us to take the time to focus on a particular element and forget its origin.
When she uses the point in the circle, it is for her a mise en abîme, an invitation to face up to what we really are in this universe.

Through various techniques, it is necessary for Gladys Bourdon to experiment with drawing in order to move towards the intangible: by using black stone, by multiplying and superimposing different motifs (the line, the dot), by reworking images digitally, etc.
She seeks to vary the creative processes with the aim of apprehending the object or image observed from new angles, and thus revealing other underlying perspectives.

Video and computer-generated imagery allow her to approach reality in a different way than she can through drawing. It is possible, for example, to process the digital image directly in order to take advantage of its pixel-perfect data. Or she can create virtual worlds with the necessary conditions to be able to develop an idea, a concept, to put it in motion; and thus to change the point of view.

These projections do not impose themselves materially, thus leaving flexibility to each person's vision, and allowing the appropriation of a creative process rather than a physical work.
The latter, being well anchored in reality, lose some of their power and potential in a certain way.
Whereas the virtual, even if it is real, has the power to change, to move easily.
Through these reflections, Gladys Bourdon tends more and more to develop her practice of digital drawing.

Marie-Charlotte Burat, « La création pour aller mieux », Process magazine n°19, juillet août 2018, p. 14 & 15.

« [...] Ces compositions sous formats réduits et arrondis sont comme une plongée indiscrète dans son univers onirique, où se mêlent le végétal, le cosmos et l'organique. Fascinée par l'infiniment petit, elle crée des points de vue, des zooms sur les éléments du quotidien qui nous échappent, et les met au premier plan dans son cadre délimité, précis, leur insufflant ainsi une forme de préciosité. Un extrême en appelant un autre, l'infiniment petit devient l'infiniment grand et l'œil passe du microscope à la longue vue, du chromosome à la galaxie. En faisant du cercle son espace de création, Gladys Bourdon permet au regard de circuler, d'y abolir les frontières comme la pesanteur. Fidèle à son parcours, elle nous dresse la carte, non pas du ciel mais d'un monde à elle. On est dans l'extension du domaine du réel. Si elle se dirige instinctivement vers le noir et blanc, il lui arrive également de travailler la couleur. Mais c'est pourtant bien dans les nuances de gris qu'elle excelle, dans les dégradés de tons, de texture. […] » Extrait de la publication.

Marie-Charlotte Burat, “La création pour aller mieux”, Process magazine n°19, July-August 2018, p. 14 & 15.

“[...] These compositions in small and rounded formats are like an indiscreet dive into her dreamlike universe, where the plant world, the cosmos and the organic mingle. Fascinated by the infinitely small, she creates points of view, zooms in on the elements of everyday life that escape us, and puts them in the foreground in her delimited, precise frame, thus giving them a form of preciousness. One extreme calling for another, the infinitely small becomes the infinitely large and the eye moves from the microscope to the telescope, from the chromosome to the galaxy. By making the circle her creative space, Gladys Bourdon allows the eye to circulate, to abolish borders and gravity. Faithful to her path, she draws up a map, not of the sky but of a world of her own. We are in the extension of the realm of reality. If she instinctively goes for black and white, she also works in colour. But it is in the shades of grey that she excels, in the gradations of tone and texture. [...]” Extract from the publication.